Pehepehe hoì teie, faaineine tamarii Punaruu

Pehepehe hoì teie
Faaineine tamarii Punaruu
No te tomoraa te anani
I nià i te Tamanu
Reo iti faateni o te apooraa
A haere i mua
Ua hiti mai te marama
Ei nià ia aranuanua e

E tahiri noa mai te hupe i Punaruu
Àue ra o te au rahie e
E tiraha noa mai Òrohena
Te mouà no te fenua nei
Ua tapoìhia òia i te ata hururau
No te fenua nei. (Tapiti)

« Na Tītī TEUIRA teie himene, ia u i faarooraa i te himene. »
TERAITUA alias Fortuné TEISSIER

Introduction

Alimentée par les nombreux ruisseaux et affluents de son bassin versant, la rivière Punaruu débute son cours au pied de la plus haute montagne de l’île de Tahiti à savoir Òrohena et trouve son aboutissement 13 km plus loin à l’embouchure Vaiparāoa face à la passe Nuuroa.

Deuxième plus grand bassin versant de Tahiti, sa ressource en eau est très importante et approvisionne en eau potable les communes de Faaa, Punaauia et Paèa.

Pū-nā-ruu signifie de son nom premier « la conque profondément immergée », allusion faite à la légende sur l’origine du nom Punaauia. Par ailleurs, certaines personnes issues des familles natives de Punaauia attestent sans équivoque la forme de la vallée comparable à une immense conque marine, Tritonis charonia qui s’enfonce dans le flanc ouest de l’île de Tahiti.

L’embouchure, la Baie de Punaauia et la Passe Nuuroa

Nuuroa : La passe Nuu-roa signifie « flotille immense », délimitée par les extrémités récifales Taupoto au nord et Tauroa¹ au sud.

Toàroa : Haut-fond propice à la pêche des rougets à barbiches blanches, des matapuu et des hoà bleus. Connu aussi pour être un âpoo âahi, un trou à thons.

Sapinus : Nom du spot de surf de renommée internationale où les surfeurs chevauchent des vagues de récif.

Teruapū²: Résurgence d’eau douce d’un diamètre de 5m dans la passe à hauteur de l’extrémité récifale appelée Taunaìnaì³. Il signifie « la fosse de la conque marine » liée à la légende sur l’origine du nom Punaauia4.

Toàmaehaa5 Pū-nā-àu-ia : « La conque est mon attribut6 », nom de la baie et de la pointe qui notifiera son prestige et son nom au district tout entier.

Pointe Punaauia, Pointe Nuuroa : À présent, Pointe des Pêcheurs et comme son nom l’indique, lieu de pêche où sont entreposées de nombreuses pirogues mais aussi un environnement récréatif et de loisirs où se côtoient diverses générations de la population de Punaauia. Autrefois, lieu de résidence des arii rahi de Punaauia.

Vaiparāoa ou Teparāoa : Face à l’embouchure viennent s’ébrouer des dauphins à long bec, Stenella longirostris et des baleines à bosse, Megaptera novaeangliae, de juin à novembre. En temps normal, le débit de la rivière se résume à un filet d’eau et les pics de pollution que connaît parfois la rivière, sont malheureusement actés par la présence de cadavres d’anguilles à l’embouchure. Parāoa signifie baleine.

Marae Taputapuātea : Localisé à l’emplacement du cimetière communal. Originellement, marae Tāhiti7 consacré sur la terre Hiti ou Tāhiti. Par la suite dénommé marae Puna-àui-a7 en hommage au légendaire héros Puna que « l’on a assis, établi et élevé ».

En 1815, s’y déroule l’un des plus grands affrontements que connût la guerre de Fēì-pī.

C’est aussi là que fût implanté, la mission Burders Point de la London Missionnary Society, par les révérends David Darling et Robert Bourne.

Marae Vaiôtaha8 : Etabli sur la terre Manuā au Musée de Tahiti et des Îles – Te Fare Manaha.

Les Jardins d’Ātea et de Hiti : En 2011, le Musée de Tahiti et des Îles – Te Fare Manaha entreprend une rénovation de ses jardins9. C’est ainsi que les Jardins d’Ātea, à savoir le patio, s’est vu spécialisé en plantes dites basses telles que herbacées, lianes, arbrisseaux et arbustes. Les Jardins de Hiti se sont enrichis d’un apport d’arbres et proposent dorénavant des parcours ethnobotaniques abordant divers thèmes : végétation de bord de mer, essences sacrées, plantes tinctoriales…

Cette entité géographique, hautement légendaire et prestigieuse qui a connu tous les jalons importants et successifs de l’histoire de Punaauia mais aussi de l’île de Tahiti, regroupe à présent, des institutions culturelles telles que le Musée de Tahiti et des Îles – Te Fare Manaha, le Service de la Culture et du Patrimoine – Pū nō te Taère e nō te Faufaa Tumu, des résidences individuelles, le centre commercial Tamanu et l’Hôtel Le Méridien.

La Basse et Moyenne Vallée

Fortins militaires : Implantation de 3 fortins sur les éperons rocheux à l’entrée de la vallée Punaruu, vestiges témoins de la guerre franco-tahitienne de 1842 à 1846. Un quatrième était situé en bord de mer à l’emplacement du cimetière communal.

Complexe sportif Punaruu : Emplacement du marae Paepae Tuaiva.

Dès l’entrée de la vallée se trouve la plus grande ZI de Tahiti qui comporte une soixantaine d’entreprises générant des activités de commerce, de fabrication, de maintenance et d’extractions de gravats. Nous nommerons, entre autres, pour les plus grandes, EDT, La Brasserie de Tahiti et la TEP. Les conséquences nuisibles et non maîtrisées des diverses activités ont profondément défiguré la vallée, le cours d’eau et le débit de la rivière. Il est bien loin le temps où l’on se baignait sous le pont de la Punaruu

Vallée sacrifiée à des fins d’intérêts économiques, les instances communales ont depuis 1997 installé une charte de règlementations visant à mieux protéger l’environnement.

Te ara o Tahiti : nom de la terre où fût implanté un grand site cultuel dont la description nous fût transmise par James11 Wilson. En 1957, ces lieux subissent des extractions importantes de gravats mais aussi de pierres sacrées en vue de la construction de l’aéroport de Faaa.

Les entreprises et les particuliers installés en dehors de la ZI, non respectueux des règlementations définies par la charte, ont contraint la Commune de Punaauia à entreprendre depuis 2012, la rédaction du Livre Blanc de la Punaruu avec l’ensemble des partenaires économiques, environnementaux et culturels afin d’aboutir à une gestion intégrée et participative qui définirait des axes de développement en respectant les enjeux écologiques de la vallée Punaruu et de la baie Punaauia.

Vaifau : Rivière souterraine qui s’engouffre dans un lava tube pour resurgir à Teruapū (4).

Tetaraa : site cultuel connu pour son ana tūpāpaù comportant de nombreux crânes humains.

La moyenne vallée a été durant de nombreuses années une zone de décharge sur les abords de son chemin d’accès et a subi des extractions intenses de gravats aujourd’hui situation maîtrisée par la charte et l’élaboration du Livre Blanc.

La Haute Vallée

Teoneroa : Lieu du captage d’eau géré par le syndicat intercommunal Te Òropāa.

Plateau Tetāmanu : Situé à 600m d’altitude, son accès difficile en a fait un lieu stratégique et privilégié en tant que poste d’observation mais aussi de refuge. Tetāmanu est rapporté comme étant un réservoir de guerriers mais aussi un lieu d’affrontements d’où  » tāmanu «  : « frapper l’ennemi10 ».

Classé en 1952 par le code de l’environnement, la protection du Plateau Tāmanu lui confère une relative préservation. De la période de juin à octobre, les rapatanuhia de Pūnāauia se mobilisent pour la collecte des oranges et la chasse aux cochons sauvages. Il n’est pas sans rappeler que les pieds centenaires d’orangers ont disparu après avoir subi la Tristeza, virus qui s’attaque aux espèces du genre citrus (orangers, mandariniers, citronniers…) et de plein fouet les cyclones de 1983. Par ailleurs, la diminution des cochons sauvages a fait adopter depuis une règlementation plus soucieuse de leur préservation.

Marae Faatahataha : Lieu névralgique du Plateau Tetāmanu où est érigé le marae de Tuatau12, gardien de la haute vallée. Tuatau se manifeste par un souffle violent et brusque qui fait se retourner les feuilles des arbres sur son passage.

Urufaro : Emplacement d’un site cultuel.

Tepaahue : Installation du refuge des porteurs d’oranges et des chasseurs.

Au nord, vue imprenable sur les montagnes : Marau (1493m), Te Ure o Maiào (1321m), Aoraì (2066m), Òrohēna (2241m),

Les plateaux : Òrio, Terata,

Les cols : Tetuana pour accéder à la vallée Tuauru (Mahina) et Terepo à la vallée Papenoo.

Plateau Terata (800m) : Te Ure o Maiào  s’érige à l’arrière-plan du plateau de même que l’accès au col permettant de déboucher sur la vallée Fautāuà (Papeete et Piraè).

Au sud, vue sur les montagnes : Tāhiti (1368m), Te Ure o Hiro, Upooìno, Mahutaà (1501m),

Les plateaux : Maraetià, Iripau, Hoaa.

À hauteur de Te Ure o Hiro, le col Tārevareva pour accéder à la vallée Òrofero (Pāèa).

Plateau Maraetià : Présence d’une pierre qui faisait office de pahu et qui était frappée par des feuilles de , Cordyline fruticosa. Cette pierre est dénommée Ue-te-pahu-nui mais aussi Te pito-o-Tāhiti. À noter que la montagne Tāhiti se dresse à l’arrière-plan du Plateau Maraetià.

Òrohēna : La rivière Punaruu débute son cours au lieu-dit Vairua, au pied de la plus haute montagne de l’île de Tāhiti.

Selon la linguiste Hiriata Millaud : « Notion composée de Òro signifiant la Fraîcheur, la Beauté, l’Harmonie, la Paix, l’Équilibre à mettre en rapport avec la divinité Òro qui symbolisait ces concepts et non la guerre, comme on le laisse à croire à tort. Autre notion présente dans le toponyme : « hē » qui vient de « hee » et qui signifie glisser, répandre, verser. Par conséquent, Òro-hē-na exprime une harmonie, un équilibre primordial qui glisse et se répand sur terre ».

Concernant la haute vallée, les botanistes et les associations de protection de l’environnement parlent de réserve exceptionnelle laquelle comporte une forêt primaire composée de grands arbres indigènes et pour certains endémiques protégés. Les ornithologues y dénombrent 9 espèces d’oiseaux menacés de disparition.

Il va sans dire que cette biodiversité mérite des actions conjuguées en faveur de sa préservation et Le Livre Blanc préconise des axes de développement durable pour la vallée toute entière et la Baie Punaauia qu’il faut impérativement mettre en marche sans plus tarder.

Pātaù Nō Tuatau

E aha teie tuporoporo nei i nià i toù âià e
mau mau te roro iti, mau mau te roro iti,
e taata rumirumi no te fenua nei, hi !
e taata rumirumi no te fenua nei, ha !
Tuatau e, e upoo rahi e
raro iti raro e, raro iti e.
raro iti raro e, raro iti e. (tapiti)

Varua ìno e, ôhure tifaifai
e he mau na to tohe i te taharo i te apuhaari, hi !
e he mau na to tohe i te taharo i te apuhaari, ha ! (tapiti)

« Na taù nā metua i haapii mai teie pataù. »
Teraitua alias Fortuné TEISSIER.

Citations

O Punaauia te Marae o te rahiraa Arii mana no Tahiti Nui,

o te vahi fanauraa ia o to rātou matahiapō.

Te vai maitaì nei ā te mau parau tā te tahi nau ôpūmarama no mutaa aè nei i pāpaì :

« Te tupuraa te arii ei Arii i Punaauia ia,

e te humeraa i te maro ùra mai ia Temoanarau mai ā,

e tae noa mai ia Pomare rahi e Arii nei, i reira,

e te tupuraa te iho Arii i Punaauia ā,

e te amoraa i te Hui Arii,

e te parareraa te Arii i te mau fenua atoà

i Tahiti nei, mai Punaauia āa.

Aurora NATUA, « Te marae rahi i Atahuru », Haere Pō nō Tahiti, 1992

O tā Ariitaimai iho ia i parau atu ia Henere Adams, te mootua o Tihoni Quincy Adams, Peretiteni no te Hau Marite

Ua parau o Ariitaimai, mootua a Tauraatua i Patea, òia hoì o Tātī, arii nō Papara, ē :

« Nō mua atu te fāraa te Hui Arii nō Punaauia i to mātou fetii nō Papara ».

Aurora NATUA, « Te marae rahi i Atahuru », Haere Pō nō Tahiti, 1992

Notes

1 Communication personnelle de Paul PERE pour le compte de l’Association Tamarii Pointe des Pêcheurs.

2 Communication personnelle de Vairea TEISSIER pour le compte de l’Association Tamarii Pointe des Pêcheurs.

3 Communication personnelle de Paul PERE pour le compte de l’Association Tamarii Pointe des Pêcheurs.

4 Appelé « Pū i roroì tau » p 615 à p 616. Après un séjour d’une année dans le pō au centre de la terre, Mataì-rua-puna et sa sœur Pere-i-tai refont surface et offrent une conque marine au arii Pohuetea d’alors de Hiti ou de Tāhiti. Teuira HENRY, « Tahiti aux temps anciens, Publication de la Société des Océanistes », N° 1, Musée de l’Homme, Paris, 1968.

5 Communication personnelle de Paul PERE pour le compte de l’Association Tamarii Pointe des Pêcheurs.

6 Traduction de Hiriata MILLAUD. Vairea TEISSIER, Carte toponymique, « Hiti frontière première et originelle », Musée de Tahiti et des Îles – Te Fare Manaha, 2010.

7 Fiche Carte des lieux prestigieux, Vairea TEISSIER. Association Tamarii Pointe des Pêcheurs, « À la découverte Terre et Mer », ATPDP, 2013, Punaauia, 56 fiches.

8 Panneau dans les Jardins du musée : « Pierres dressées du Marae Vaiôtaha », Musée de Tahiti et des Îles – Te Fare Manaha.

9 Jean-François BUTAUD, « Te Ohi o te Fenua, Guide floristique des Jardins du Musée », Musée de Tahiti et des Îles – Te Fare Manaha, 2016, 234p.

10 Traduction de Hiriata MILLAUD. Vairea TEISSIER, « Carte toponymique, Hiti frontière première et originelle », Musée de Tahiti et des Îles – Te Fare Manaha, 2010, Punaauia.

11 WILSON James, « 1797 Un voyage missionnaire à bord du Duff », EEPF, Société des Etudes Océaniennes, Haere pō no Tahiti, 1997, Papeete.

12 Communication personnelle de Loana ARIIPEU.

13 NATUA Aurora Tetunui, « Te marae rahi i Atahuru », Haere pō no Tahiti, 1992, Papeete, p3 et p4.

Bibliographie

Association Tamarii Pointe des Pêcheurs, « À la découverte Terre et Mer« , ATPDP, 2013, Punaauia, 56 fiches.

BELCAGUY Horacio, « Maximo Rodriguez, les Espagnols à Tahiti (1772-1776) », Publications de la Société des Océanistes n° 45, Musée de L’Homme, 1995, Paris, 230 p.

Commune de Punaauia, « Livre Blanc, La vallée de la Punaruu à l’horizon 2025 ». 2013, 52p.

HENRY Teuira, « Tahiti aux temps anciens, Publications de la Société des Océanistes » n° 1, Musée de l’Homme, 2000, Paris, 671 p.

MORRISON James, « Journal de James Morrison second maître à bord de la « Bounty » », Publications de la Société des Océanistes n° 16, Musée de l’Homme, 1966, Paris, 200 p.

NATUA Aurora Tetunui, « Te marae rahi i Atahuru », Haere po no Tahiti, 1992, Papeete, 62 p.

RATTINASSAMY Martine, « Le fortin de la Punaru’u », Service de la Culture et du Patrimoine, 2001, 18p.

TEISSIER Vairea, Carte toponymique, Hiti frontière première et originelle, Musée de Tahiti et des Îles – Te Fare Manaha, 2010.

TYERMAN, Rev Daniel & George BENNET, « Journal of voyages and travel deputed from the London Missionary Society to visit their various stations in the south sea isalnds, China, India, &c. between the years 1821 and 1829, compiled from original documents by James Montgomery », Fac similé, Tome I, Elibron Classics, 2003, 274 p.

WILSON James, « 1797 un voyage missionnaire à bord du Duff », EEPF, Société des Etudes Océaniennes, Haere po no Tahiti, 1997, Papeete.