Introduction

La rivière Vaiatu prend sa source aux pieds du mont Mahutaa (brouillard au menton), qui culmine à 1501 mètres d’altitude, et du mont Iviroa (1638 mètres d’altitude) plus au nord. Ce cours d’eau draine un bassin versant d’environ 18,4 km² et se jette dans le lagon de la côte ouest après avoir traversé le centre de Pāèa.

Vaiatu, Vairaa : Il semblerait que la rivière Vaiatu se nommait autrefois Vairaa¹

Pāèa : Ce nom trouve son origine sur le plateau principal de la vallée de Òrofero, autrefois très habité. Selon la légende de Teriitaumatatini, au temps où Pāèa faisait encore partie du clan des Te Oropaa avec Faaa et Punaauia, lorsque les habitants étaient attaqués par les côtés ou par la mer, les huà se sauvaient (ora ou èa) sur les hauts plateaux qui leur servaient de remparts () contre les assaillants.

désigne le rempart ou la protection et èa la vie et la santé, Pāèa signifie donc celui qui protège sa vie ou sa santé. Prononcer le mot Pāèa autrement, c’est en perdre toute la signification.

Pereàitū, Te Oropaa, Atahata, Atehuru : Selon Paul Temaumauarii a Pito, dépositaire de la tradition orale de Pāèa, un des noms anciens de Pāèa était Pereàitū. Puis, lorsque Tamatoa 1er fut chef de Raìatea, ce mataèinaa porta le nom de Te Oropaa. Pāèa, appelé aussi Atahata ou Atehuru.

Na Manu ùra o te Oropaa :  Pāèa formait avec le mataèinaa de Punaauia une entité politique connue sous le nom de Nā manu ùra o te Oropaa (les deux oiseaux de Te Oropaa), avec Manutahi -et non Manotahi- pour Punaauia, et Manurua -et non Manorua- pour Pāèa. Il s’agit des manu ùra, oiseaux endémiques de Tahiti communément appelés perruches de Tahiti, de couleur mauve et blanche, qui ont malheureusement disparu avec l’introduction des rats noirs. Le manu ùra fait référence aux anciens clans des Âti Ùra, fondateurs des clans Oropaa et symbolisent le respect, l’équité et de la magnificence.

L’embouchure de Mahurau : Un Lieu Emblématique

Utuàimahurau : Certains évènements marquants de l’histoire de Pāèa méritent d’être évoqués, comme la construction du marae Utuàimahurau qui a auguré l’installation du culte de Òro. C’est là qu’ont débarqué les colonisateurs venant des Raromataì, et les prêtres du dieu Òro. Il fut aussi appelé marae Piihoro du nom du chien légendaire, gardien de familles originaires de Pāèa. C’est le marae Nārii que visita le capitaine Cook en 1794.

Opuhara : Un autre évènement historique majeur s’est produit dans la baie de Mahurau. Il s’agit de la bataille dite de, le 12 novembre 1815. Ce jour-là, Opuhara, grand chef des Teva de Papara, a été abattu d’un coup de fusil, laissant à son adversaire, Pomare ler, les mains libres pour faire de Tahiti une île chrétienne.

Migration : C’est encore dans cette baie, que des pirogues (Manu ùra) ont quitté Pāèa pour trouver refuge dans les îles Australes de Rurutu, Rimatara et Tupuaì, pendant les batailles fratricides avec les clans des Ȃti Roo.

Irihonu : Autrefois, les tortues entraient par la passe de Irihonu pour pondre sur la plage de Oneahuà. De nos jours, ce sont les jeunes surfeurs du littoral et de la vallée de Òrofero qui fréquentent ces lieux et prennent du bon temps quand la météo le permet. Parfois, on peut apercevoir des tōrea, des îtaè et surtout des ôio posés sur le rivage.

Ûpeà fāati : À la saison des īnaa et des ature, les familles de pêcheurs descendent avec leurs pirogues et leurs ûpeà fāati pour encercler et emprisonner les bancs de poissons dans la baie de Mahurau qui fait face à l’embouchure de la rivière Vaiatu.

Puhi : Sous le pont, ainsi qu’à l’embouchure, des puhi de l’espèce Anguilla marmorata, évoluent sous l’œil amusé des riverains. Le long de la rivière, de jeunes habitués des lieux viennent parfois piquer des ôura pape avec un petit harpon.

Mahutaa : Lorsque la météo le permet, on aperçoit depuis le pont le mont Mahutaa, montagne emblématique de la commune de Pāèa culminant à 1501m qui symbolise Teriitaumatatini, ancien chef du district (vaa mataèinaa), qui fit preuve de sagesse et de loyauté durant une attaque surprise du chef Teva de Papara.

La Zone Récréative

Parc Mahurau : en bord de mer, le parc Mahurau, appelé aussi square Benjamin-Bambridge donne sur la baie de Óutuàimahurau. La mairie y organise un feu d’artifice annuel à la Saint-Sylvestre et parfois des évènements tels que la nuit des lanternes. Durant la journée, on peut y admirer les surfeurs. En fin de semaine à l’heure de pointe, les pêcheurs viennent y vendre leurs poissons : àuhopu, toheveri, âahi tarià, âahi tātumu, ature, ôrare ou īnaa.

Farahei : les beautés de la commune viennent prendre leur bain de soleil à la pointe Farahei, et s’allonger sur le sable noir pour apprécier le vent Ȃararū de Pāèa, un vent venant de la mer, agréable pour les surfeurs comme pour les baigneurs.

La Zone d’Habitation : Basse Vallée

Dans la vallée de Òrofero, il y a environ 1300 habitants. Les enfants fréquentent l’école maternelle de Vaiterupe à l’est, l’école primaire de Vaiatu à l’ouest. Les trois religions majoritaires, protestante, catholique et mormone, y sont présentes.

Tepū : à un kilomètre environ de l’embouchure, se trouve le nāueraa pape de Tepū, où les jeunes viennent se rafraîchir quand il fait très chaud. C’est un bain rafraîchissant après une session de surf dans la baie de Mahurau. Il semblerait que ce soit à cet endroit que se trouve la source Puna pape pihaa de Tevaiàte, mentionnée dans les chants traditionnels de Pāèa comme étant la source de la princesse Vaiatua (Paripari fenua, de Sylvia Airima-Tauotaha2
Marae Teua : tout au fond se trouve la résidence Marae Teua, la maison du sculpteur sur pierre Morleau tāne juste avant le premier gué. C’est là que la route goudronnée s’arrête et que commence le sentier vers le lieu de la cueillette des oranges.

La Zone Agricole : Moyenne Vallée

Fāapu : La zone agricole commence au premier gué. Elle est située sur la rive gauche de la rivière puis continue sur la rive droite jusqu’au réservoir de distribution d’eau. On y cultive des produits maraîchers : salades, choux chinois, oignons, haricots, concombres, tomates et autres légumes. On peut garer sa voiture après le champ cultivé sur la rive gauche. 

Réservoirs d’eau : Il faut marcher environ deux heures depuis l’entrée de la vallée pour arriver au réservoir de distribution d’eau situé à 60 mètres d’altitude. L’eau est captée directement dans la rivière Vaiatu pour alimenter tous les habitants de la commune. Le réservoir de Òrofero alimente deux autres réservoirs, celui de Papehue à l’ouest et celui de Vaitupa à l’est. Selon les autorités du Pays, l’eau à Pāèa est désormais potable à 90%.

Tumu haari : selon la version de Pihatai3, les 3 premiers cocotiers germèrent à Òrofero et furent nommés Parapu, Toèrauroa et Hamuri, des noms des 3 enfants morts lors d’une famine et dont les corps donnèrent naissance à cette nouvelle plante.

La Haute Vallée

Campement des chasseurs : après avoir traversé plusieurs gués, on atteint le bas du plateau de Òrofero, une zone fraîche et paisible. Les chasseurs et les cueilleurs d’oranges y ont installé leur campement, à 350 ou 400 mètres d’altitude. La saison de la cueillette des oranges a lieu de juin à août. Les chasseurs de Pāèa préfèrent les cochons sauvages mais les chèvres font aussi bien l’affaire.

Le plateau central de Òrofero : autrefois, en temps de guerre, femmes, enfants et vieillards de Pāèa y trouvaient refuge. Des traces d’habitat ancien témoignent d’une intense occupation humaine. Après le campement, un sentier mène à la cascade de Vaipūai.

Plusieurs cours d’eau, comme la Vaipaèpaè et la Papeareru, traversent ce plateau de Òrofero avant de rejoindre la Vaiatu.

Le haut-plateau de Òrofero est situé entre 500 et 600 mètres d’altitude et s’étend sur une centaine d’hectares. Sur ce plateau, ses cols et ses flancs alentour, on trouve des fruits comme les fēî et les àhià reà, ou encore l’arbuste puarātā dont la fleur rouge est appréciée par la déesse Pereàitū à Pāèa. La couleur verte des fougères âmoà uri et âmoà tea, se retrouve sur les emblèmes de Pāèa.

Ce haut-plateau forme un amphithéâtre qui résulte de l’érosion du cône volcanique de l’île de Tahiti. Orienté vers le nord-est, il est encerclé par les monts Tahiti (1368m) Te Ure o Hiro ou Te Âroà o Hiro (1260m), Mahutaa (1501m), Iviroa (1638m) et Ivirairai (1696m). Entre Mahutaa et Te Ure o Hiro se trouve le col de Revareva qui permet de rejoindre la haute vallée de Punaruu.

Te aroā o Ôtare : Le col de Revareva est appelé aussi Ôtare ou Te aroā o Ôtare. En tahitien, il faut bien faire la différence de prononciation entre âroà qui est la crête et aroā qui signifie le col.

Randonnées

Pour une randonnée avec une classe du secondaire (collégiens ou lycéens), il est préférable de s’arrêter là. On peut y dormir, mais il faut apporter sa tente et le nécessaire pour passer la nuit. Pour le cycle 3 (écoles primaires), il vaut mieux s’arrêter avant le réservoir. Avant toute randonnée, il faut avertir la mairie car l’entrée de la vallée est réglementée.

Notes

1  Lire la légende de Vaiatua, « Te àai no Vaiatua » en annexe

2 « Paripari o Paèa » Sylvia Airima-Tauotaha

3 Teuira Henry, « Tahiti aux temps anciens », Publication de la Société des Océanistes n°1, 1968, p 437